On pense prendre la parole quand on partage une story, un article. On compense l'énergie naît de nos cordes vocales - qui est un mouvement beaucoup plus sophistiqué- par un clic.
Et alors? - me dira-t-on.
La résilience pourrait-on répondre.
Face à des drames collectives, la résilience ne peut être que collective. Nous n'avons pas beaucoup de levier pour l'activer. Nous en avons qu'un en fait. La parole : le partage, aller vers l'autre, la communication.
La surpartage des informations et notre opinion via les réseaux sociaux nous donne un faux effet de partage ou de lien. La cerveau a l'impression de remplir sa mission en allant vers son prochain pour chercher la résilience collective. Or, tout comme sur les réseaux il s'agit d'un mirage des plus réel.
La parole étant prise dans une bulle illusoire - autant parler à soit-même - nous pouvons consacrer le réel à oublier, à ne pas en parler, à boire, à oublier, ces " actualités de merde " et c'est là que le vice commence.
Car, le besoin toujours là.
Mais le corps est incapable d'aller le saisir entre une illusion de satisfaction et d'avoir déjà assez dit et une peur de se confronter au réel et à l'Autre dans ce réel, déjà insupportable.
Le réel n'a jamais été aussi dissocié, clivé. Le mal dans la poubelle des réseaux, verrouillés par un mot de passe, ou seul des émojis ou des silences réagiront, et le réel complètement déconnecté, avec des humains obsédés à l'idée de continuer leur vie.
Le risque ?
De sombrer dans une dépression: dans le sens corporel, comportemental, psychique.
Ne pas solliciter nos muscles, notre voix, notre cerveau pour chercher la sécurité, d'y contacter aussi le danger, pour s'y adapter dans le sens corporel, comportemental, psychique. Dépression dans le sens de ne pas être en alerte du danger. D'être dans le déni, et se mettre encore plus en danger.
Ce qui est confortable dans la prise de mots sur les réseaux c'est la faible répercussion dans le réel. Or, cette répercussion qu'elle soit positive, négative, ou les deux, fait parti de ce mouvement de résilience. Les discussions, les débats légèrement tourmentés où le consensus sera que le monde doit être un meilleur endroit. Ou le désaccord profond, qui peut nos affecter encore plus mais, qui nous permettra de nous éloigner d'une personne ou un groupe, momentanément ou définitivement, qui ne nous apporte pas cette sécurité. C'est tout ce processus qui est essentiel à l'équilibre psychique qui est saccagé.
Là où l'on croit se protéger en protégeons systématiquement notre réel du réel, c'est l'effet inverse qui peut se produire.
L'expression sur les réseaux ne peut être qu'un levier et ne peut en aucun cas remplacer un son qui sort de nos cordes vocales et se pose dans une discussion avec un réel interlocuteur.
Donc..
Que la conquête de nos cordes vocales commencent ! La réponse est dans la parole.
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